Par Christophe Stephan.
La fiabilité des équipements est un sujet crucial pour tous les secteurs d’activités (Hôpitaux, usines, centres sportifs…).
Il s’agit dans ce cas de la performance et de la disponibilité des moyens :
- Pour une utilisation courante (exemple : moyens de chauffage d’une salle ou de refroidissement d’un bloc opératoire)
- Et surtout pour une utilisation de production (ex : presse mécanique, chaines de conditionnements, compresseur).
La maitrise de la fiabilité des équipements va générer de la maitrise des coûts de maintien des moyens, et des gains, sur la disponibilité de ceux-ci.
La maintenance préventive vs la maintenance curative
Les équipements fiables ne sont pas le fruit du hasard. Un entretien rigoureux, anticipatif et une utilisation conforme aux prescriptions des fournisseurs permettent la performance du moyen ainsi exploité. Dans un premier temps, il faut transvaser les heures et les coûts de maintenances curatives (sur pannes et aléas) en préventives.
Pourquoi ?
Nous réduisons de moitié les temps d’arrêts machines et la non-qualité si nous planifions des arrêts de production pour intervenir en préventif sur des contrôles, des réglages, des modifications au lieu d’une panne (sans compter la découverte d’une pièce usée à changer, non-disponible sous 48 heures).
Piloter la performance des équipements ou mettre sous contrôle vos moyens de production
Les utilisateurs doivent prendre conscience qu’ils sont un facteur influent sur la fiabilité des équipements. De leur pratique dépendent l’anticipation des aléas, la génération de dysfonctionnements.
Impliquez les dans la maintenance de premiers niveaux avec pour formateurs, les collègues du service maintenance.
Mettez en place le suivi de l’indicateur TRS (Taux de rendement synthétique) en affichant les résultats quotidiens. Cet indicateur permet le suivi de la performance de l’équipement engagé en production (mesure en pourcentage). Les opérateurs pourront remonter les dysfonctionnements et visualiser par le management visuel le Pareto des types d’arrêts (en pourcentage ou en heures). Cet indicateur local, propre à l’équipement, est très parlant pour les opérateurs.
Attention, cet indicateur et les données issues du terrain, ne remplacent pas une GMAO et le pilotage des interventions de maintenance. Mais il complète très bien les indicateurs MTBF, MTTR, suivi des coûts…pour le suivi de la performance et la fiabilité des moyens.
Initiez la démarche de fiabilité des équipements
Lancez un chantier ‘’Vitrine’’. Il vous faut identifier des équipements à faibles fiabilités, ou stratégiques. Ne vous trompez pas dans le choix du premier chantier, il faut un équipement ayant un pourcentage de TRS faible lié essentiellement à des pannes, de l’ordre de 20 points de TRS.
Une fois l’équipement identifié, il faudra travailler avec les équipes maintenance, production et le fournisseur pour mettre en œuvre :
- Le traitement de toutes les demandes de travaux non réalisées ;
- Une remise à niveau de l’équipement ;
- Les modes opératoires de maintenance de premiers niveaux ;
- Un plan de maintenance préventive ;
- Un stock de pièces de rechanges.
Il ne s’agit pas d’un sprint mais d’un travail sur les moyens et longs termes avec pour juges : le TRS, le MTTR et le MTBF, le taux de pannes de cet équipement, sans oublier, la finance, les coûts de maintenance.
Pérennisez et remontez en conception la fiabilité
Vous n’allez quand même pas faire que du retrofit des équipements pour les transformer en moyen fiable ?
Après les premières démonstrations, il vous faut remonter à la source en changeant les habitudes et les processus : achat du matériel, choix de l’équipement, critères et cahier des charges, conception du moyen.
Impliquez vos fournisseurs, vos bureaux d’études et vos acheteurs dans cette étape cruciale.
Voici quelques méthodes nécessaires à l’anticipation et l’optimisation de la fiabilité :
- Pratiquez le retour d’expérience, à intégrer dans les nouvelles conceptions. (Pour ne pas reproduire les erreurs du passé !)
- Constituez un groupe pluridisciplinaire dans l’établissement du cahier des charges du futur investissement et pratiquez L’AMDEC Moyens (Analyse des modes de défaillance, de leurs effets et de leur criticité). Cet outil de sûreté de fonctionnement est très puissant pour anticiper les risques de dysfonctionnements des organes de vos machines et il vous oblige à mettre en œuvre des actions de préventions pour réduire les impacts.
- Standardisez les bonnes idées et bonifiez votre expérience : changement de matières des pièces d’usure, contrôles vibratoires supplémentaires, facilitation des contrôles, mise sous MSP des équipements, allongements des durées de vie…
- Au démarrage des équipements, assurez un suivi pointilleux de ceux-ci par un rituel quotidien sur les alarmes et les dysfonctionnements avec les Utilisateurs-Mainteneurs (c’est-à-dire les producteurs-utilisateurs et la maintenance).
J’espère vous avoir donné quelques idées pour la fiabilité des équipements, mais n’oubliez pas « cette performance s’inscrit dans le temps et la durée ».